dimanche 31 janvier 2010

1950

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16 janvier 1950 - Ouest-France
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Le feu à Grimouville
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Un incendie dont les conséquences auraient pu être catastrophiques, s'est déclaré dans la cité de Grimouville toute constituée par des baraques américaines ...
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Prévenus que le feu s'était déclaré dans le magasin " Aux Elégantes " ouvert par Mme et M. Roland Aubril à proximité de leur domicile, les pompiers, ainsi que les représentants de l'ordre se rendirent de toute urgence sur les lieux ... Heureusement, le sinistre était déjà circonscrit, grâce à l'intervention immédiate des voisins qui étaient accourus, munis d'extincteurs ...
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En effet, de leur domicile contigu, Mme et M. Aubril avaient entendu des bruits suspects semblant provenir du magasin où un poêle avait été allumé pour hâter le séchage des plâtres ... Un morceau de carton avait dû tomber sur le dit poêle ... puis le feu s'était communiqué aux emballages et c'est ainsi qu'au moment où Mme Aubril avait voulu pénétrer dans la pièce, elle en avait été empêchée par la fumée, déjà très épaisse.
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Félicitons donc les voisins, qui, à son cri d'alarme, accoururent, se rendirent rapidement maîtres du feu, et évitèrent probablement que celui-ci se communique à plusieurs baraques du village.
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Les dégâts, par le feu et par le liquide des extincteurs seraient assez importants ... Ils n'ont pas encore été nettement estimés.
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26 janvier 1950 - Ouest-France
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Aux acquéreurs d'arbres
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Les acheteurs d'arbres des cités du Bouloir et de Grimouville sont priés de surseoir à l'abattage ; les plans d'urbanisme et programmes d'aménagement de Saint-Lô prévoyant la conservation d'espaces verts.
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(Communiqué).
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24 février 1950 - Ouest-France
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Après la manifestation de protestation des commerçants Saint-Lois
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Les commerçants de la Cité de la place du Champ de Mars ont mis leurs volets (Photo rédaction " Ouest-France ").
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10 mars 1950 - Ouest-France
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La manifestation des travailleurs
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(Les manifestants voulant se rendre à la cité administrative, située dans les locaux de la Caserne). Un barrage avait été organisé au carrefour Bellevue par la police et la gendarmerie. Il n'eut pas à intervenir. (Photo rédaction " Ouest-France ")
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17 avril 1950 - Ouest-France
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La ville au travail
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Une vue du pont, sur la route de Carentan, prise de la " Porte Dollée " (aucune construction n'est réalisée rue de la Poterne en premier plan). (Photo Rédaction " Ouest-France ")
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La route de Carentan est ouverte ... largement (Photo rédaction " Ouest-France ").
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Les travaux du carrefour de Carentan et les usagers de la route du même nom viennent de voir disparaître, avec plaisir, les palissades qui, depuis de longs mois, coupaient la route en deux.
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Ce n'était pas une fantaisie, c'était une nécessité, puisqu'il fallait construire le fameux pont qui, désormais, prendra la place de l'ancienne route ... enjambant un boulevard extérieur appelé, dans un avenir plus ou moins prochain, à joindre le Carrefour de l'Hôpital (rond-point du six juin) à la route d'Isigny.
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10 juillet 1950 - Ouest-France
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Dimanche, grande fête annuelle de Grimouville
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la " Commune Libre " de Grimouville sera, dimanche prochain, comme d'ailleurs chaque année depuis sa fondation, en grande fête avec un nombre considérable d'attractions parmi lesquelles nous pouvons extraire, le Corso Fleuri, réservé aux enfants de Saint-Lô (jusqu'à 14 ans), possesseurs de bicyclettes, patinettes, cyclorameurs, brouettes, cerceaux, etc ... ; le Radio-Crochet du Grimouvil's Circus, animé par l'ami Faudemer, le grand comique de la C.R.F.J. ... , et à 21 h., le Grand Bal de Nuit, avec orchestre.
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Qu'on se le dise ..., et que les enfants ou personnes désirant participer, soit au Corso Fleuri, soit au Radio-Crochet, se fassent inscrire, sans plus tarder, chez Mme Lemoine, boulangère, et M. Péharpré, épicier à la Cité ... , ainsi que chez M. Lerendu, au Normandy Bar, rue Torteron.
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Nombreux prix en espèces.
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11 juillet 1950 Ouest-France
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Dimanche prochain grande fête de Grimouville
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Alors que de méchantes langues parlaient d'une crise municipale, la Commune libre de Grimouville proclame son entente et sa vitalité en organisant l'une des plus intéressantes fêtes dont son histoire pourra postérieurement s'enorgueillir.
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Après Lechevallier sans peur ... et ne parlons pas des reproches qui dénoua l'écharpe grimouvillaise pour se contenter d'un siège d'adjoint, M. Leboeuf, maire fraternel et dévoué (il travaillait dans la Société de secours mutuelle "La Fraternelle"), préside aux destinées de la cité préfabriquée. Est-il toujours premier magistrat ? On nous a affirmé que non, mais il ne nous a pas été possible de savoir (c'est l'époque des crises) qui avait été élu au sein du Conseil. Sous prétexte que les hommes ne font rien de propre, il aurait été décidé de changer de régime. Pas de Royauté, si vous voulez, mais l'on prétend que Mme Jacquot est maintenant ... Reine-Maire.
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Quoiqu'il en soit, et même si elle ne veut rien " avoué ", il faut féliciter la Municipalité d'être parvenue à élaborer une fête d'envergure, avec des manèges d'enfants, loteries, chamboul'tout, tirs, buvette, promenade à âne et, ne l'oublions pas, le Grimouvil's Circus, sorte de théâtre de verdure, dans lequel non seulement se succèderont des numéros de cirque, mais encore un Radio-Crochet animé par la vedette de la Croix-Rouge de la Jeunesse, qui se dit adjoint de ... Faudemer.
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L'après-midi débutera par un corso fleuri, réservé aux enfants de 14 ans et au-dessous, habitant Saint-Lô et possédant vélos, patinettes, cyclorameurs, brouettes, cerceaux etc ... Puis, après un apéritif-concert prévu pour 17 h. 30, aura lieu la grande fête de la nuit, avec à 21 heures un bal avec orchestre.
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Grimouville, la Commune libre où l'on sait rire, sera dimanche en fête. Les Saint-Lois ne sauraient manquer de s'associer à cette belle journée.
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Nota. - Tous les enfants et toutes les personnes désirant participer soit au corso fleuri ou au radio-crochet, sont invitées à se faire inscrire, sans tarder, chez Mme Lemoine, boulangère, ou M. Péharpré, à la Cité ainsi que chez M. Lerendu, au Normandy Bar, rue Torteron.
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12 juillet 1950 - Ouest-France
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Saint-Lois, où irez-vous dimanche ?
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Mais à la grande fête de la commune libre de Grimouville avec :
  • son Corso Fleuri,
  • son Radio-Circus,
  • son Crochet Radiophonique,
  • ses nombreux comptoirs,
  • son bal de nuit.
Une fête gaie entre toutes et qu'il ne faut pas manquer.
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15 juillet 1950 - Ouest-France
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Ce soir et demain fête de Grimouville
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Si le beau temps veut bien se mettre de la partie, la fête de la Commune Libre de Grimouville sera, demain, l'une des plus belles que nous ayons jamais connues, avec son corso fleuri, sa fête en plein air et notamment son Radio-Circus avec numéros de cirque, sketches, crochet radiophonique : " Vous ne l'emporterez pas avec vous " ; " Quitte ou double ", tous jeux qui seront animés par notre ami Faudemer, l'excellent " comique " de la C.R.F.J.
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Nous ne reviendrons pas en détail sur le programme de cette fête, mais nous préciserons cependant qu'elle commencera ce soir par un grand bal de nuit, avec concours de danse.
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Demain, ouverture de la fête à 14 h. et réception des enfants.
A 17 h 30, apéritif-concert, et à 21 h, grand bal de nuit avec orchestre.
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Tous, ce soir et demain, à la fête de Grimouville, la " Commune Libre " qui sait rire, et avec laquelle nous sommes heureux de rire ...
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19 juillet 1950 - Ouest-France
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Notre dimanche
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Le défilé du corso fleuri dans la cité grimouvillaise (Photo rédaction " Ouest-France ")
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Il est presque paradoxal de parler de " notre " dimanche au lendemain d'une semaine comportant un " pont " de trois jours et un lundi, presque férié, puisque non seulement c'est la fermeture hebdomadaire de la plupart de nos magasins, mais encore que l'on profité souvent de la circonstance pour aller voir passer " le Tour " au Poteau, à Pontfarcy ou à Villedieu ...
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Nous ne reviendrons pas, bien entendu sur la Fête du 14 juillet, sa manifestation du matin au Monument et à la Prison ... , ni sur la fête de la gymnastique de l'après-midi donnée sur le Champ de Mars ... , ni sur le bal populaire dont le succès fut grand ...
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Après la journée de transition de samedi et malgré le départ de nombreux St-Lois vers la mer ... , malgré les vacances qui " vident " la ville, St-Lô fut animé, notamment dans le secteur du quartier Bellevue.
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D'une part, les sportifs étaient intéressés par le passage du Championnat de Normandie cycliste ...
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Tout près, c'était la fête de Grimouville, et le succès escompté fut remporté ... Une foule très nombreuse s'intéressa en effet au corso fleuri, particulièrement réussi, qui défila dans la cité derrière la St-Loise et la Musique municipale. Le " Cygne " l'emporta finalement.
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Ce n'était pas tout ... les organisateurs avaient pu obtenir la présence de manèges, tirs, loteries, etc, etc ... , ce qui donna une ambiance inhabituelle et satisfit tout le monde. Il y avait encore le radio-crochet animé par l'ami Faudemer , et il semble inutile de dire qu'il remporta un triomphal succès avec les sketches, les nu !!! (suivent les résultats d'épreuves de natation : filles, - 50 m brasse ...) !!
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L'animateur Faudemer au micro (Photo rédaction " Ouest-France ").

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21 juillet 1950 - Ouest-France
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Après la fête de Grimouville

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Le roi et la reine au milieu des concurrents du corso (photo rédaction " Ouest-France ")

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Liliane Legoupil, reine, et Claude Delarue, roi de Grimouville, (Collection de Liliane Groult/Legoupil).
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Sans revenir sur la fête de Grimouville, dont le succès a dépassé les prévisions les plus optimistes, nous voudrions donner quelques résultats des principales épreuves organisées .
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Le Corso Fleuri :
Hors concours, le Cygne (Mlle Lemercier). Premiers prix : le Moulin (M. Auvray), le Cow-Boy, (M. Faudemer), le Temps des Cerises (Mlle Lechevallier), le Jardinier (Mlle Françoise), le Normand (M. Péharpré) et la Bergère (M. Decathéaugrue). Tous les autres concurrents (quarante) ont été récompensés sans autre classement et les enfants participant au corso ont reçu deux brioches et une tablette de chocolat.
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Le radio-crochet :
Deux catégories seulement : les enfants et les adultes. Voici les classements :
  • Enfants : 1er - M. Lebesnerais ; 2è - Mlle Aubril ; 3è ex-aequo, Mlle Lechevallier et M. Jourdan ; 4è - Mlle Auvray et Mlle Jourdan.
  • Adultes : 1ère - Mlle Bourdais ; 2è M. Urbain Doré ; 3è Mlle Hurel.
Ont été entendus avec plaisir, mais sans droit de participation au crochet : Mlle Lemercier et M. Urvoy.
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Vous l'emporterez avec vous :
Parmi les concurrents ayant emporté des lots marquants, citons Mme Busson, qui est partie avec un magnifique " coucou " de salle à manger ; M. Hommeril, un capuchon ; M. David, un soutien-gorge et M. Rostoll, une paire de chaussons.
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Quitte ou double :
Plusieurs concurrents ont disputé leurs chances ; tous ont remporté une somme de 160 frs, moins importante, bien entendu, que celles que l'on voit attribuer dans d'autres milieux ... mais il faut dire que l'on démarrait au tarif d'avant-guerre : cent sous ... et que 160 fr. correspondait au maximum. Bravo donc aux excellents concurrents : M. Picard, coiffeur ; Mlle Lempérière, étudiante ; M. Busson, vérificateur au M.R.U.
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Ne manquons pas de signaler pour en terminer que M. Tiroir ressemblait étrangement à M. Poupard ..., que M. Brard a présenté le jeu "quitte ou double" avec M. Faudemer ..., que ce " tandem " a joué un sketch avec Mme Jacquot et M. David ..., et que M. Brard s'est encore fait applaudir dans ses " paysanneries ".
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Encore des compliments aux organisateurs, et nous sommes heureux d'être d'autre part, leur interprète pour remercier toutes les personnes et sociétés qui les ont aidés dans leurs réalisations.
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27 juillet 1950 - Ouest-France
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La maire fait savoir ...
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Il est expressément rappelé qu'aucune ordure de quelque nature que ce soit ne doit être déposée dans le chemin partant de la cité Grimouville allant à la ferme de la Ferronnière, sous peine de contravention. Les habitants de Grimouville sont instamment priés de déposer les ordures derrière le lavoir de leur cité où la benne municipale passera les enlever.
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21 août 1950 - Ouest-France
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Saint-Lô, village de bois ...
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En visite aux cités de baraques : tout n'est pas pour le mieux à la Forêt Noire.
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Fraîchement repeintes, les allées soigneusement tracées : la " Forêt-Verte ". (Photo rédaction " Ouest-France ").
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On dit bien que l'histoire est un perpétuel recommencement. Après avoir passé l'âge des cavernes, les humains commencèrent à construire des maisons de bois. ils devaient ensuite en venir à des édifices plus solides, de pierres ou de briques ...
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Las, la guerre passa, à Saint-Lô comme autre part et nettoya, en quelques semaines, toutes traces de civilisation.
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Au nom de la civilisation, elle-même, d'ailleurs !
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C'est pourquoi, les Saint-Lois et tant de leurs frères infortunés, en revinrent tout naturellement à l'âge des cavernes.
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Puis, le cycle éternel reprit. Ils s'installèrent dans des habitations de bois ... Ou à défaut de bois, dans du carton-pâte.
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Nous en sommes, en général restés à ce stade. L'ère de la pierre taillée - ou plus exactement de la pierre de taille - n'ayant fait, que très timidement, son apparition.
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Ainsi, dans le désert qu'était Saint-Lô au lendemain d'une libération chèrement acquise, des villages s'installèrent. Dans le coeur de ce qui fut la ville, comme partout sur les hauteurs.
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Et c'est le spectacle qui s'offre maintenant à l'étranger : ces ilots, aux toits blancs, disséminés dans la verdure, ou bien dominant - de pas bien haut, à vrai dire - des étendues ravagées.
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Voilà cinq ans que les habitants de Saint-Lô vivent, pour la plus grande part " en baraque ".
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Cités de la Forêt-Noire, de Falourdel, de Vaucelles, de Grimouville, etc ... ; elles présentent des aspects variés et aussi de nombreux problèmes d'habitat.
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On y trouve des constructions de toute nature : baraques françaises, suédoises ou américaines. Le confort - c'est peut-être un bien grand mot ... - ne règne pas uniformément. Et, les doléances ne manquent pas de se manifester, nombreuses et diverses.
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Ecoutons quelques-unes d'entre elles ...
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Aux abords de la route de Bayeux s'est édifiée la Cité de la Forêt-Noire et, toute proche la Cité de la Forêt-Verte ...
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Il y a là 130 baraques environ. La Forêt-Verte semble plus accueillante ... Les teintes blanches et vertes toutes fraîches, sèment une note en opposition avec les peintures sombres de la Forêt-Noire.
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C'est d'ailleurs, dans cette dernière cité, que les réclamations sont plus nombreuses.
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En premier lieu, nous dit-on, il n'y a pas de waters. Voilà près de deux ans que cette installation - indispensable - a été promise. Hélas, jusqu'à présent, les habitants doivent utiliser une baraque commune, lorsque la chose est possible, car la propreté ne règne pas spécialement dans ce lieu ... commun.
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Il faut partager une cabine entre quatre familles (parfois plus) et il n'est pas besoin d'insister plus ...
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Doter chaque habitation d'une installation individuelle, c'est évidemment une opération de première urgence et nous espérons bien, avec tous les habitants de la Forêt-Noire, que les pouvoirs responsables ne tarderont pas à s'en préoccuper.
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Un bon point : les cloisons ont été doublées à l'intérieur de "placo-plâtre" qui empêche l'humidité et permet aussi de tapisser les murs convenablement.
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Mais, un autre problème celui des toitures. Toutes les maisons n'ont pas encore été dotées d'une couverture en fibro-ciment. Le travail est lent. Il commença au mois de septembre, c'est-à-dire voilà près d'un an maintenant. Un long temps d'arrêt ... Les couvreurs devaient être de retour en février, stopper leurs travaux à nouveau pour les reprendre un mois et demi plus tard ...
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On raconte même que pour une certaine baraque, le travail fut interrompu alors qu'un quart seulement de la toiture nouvelle avait été posé. Le chantier fut abandonné pendant quatre mois, ainsi que les outils et tout le matériel qui séjournèrent au grand air, sur le sommet de la maison ...
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Ce n'est qu'une courte histoire. Elle valait (quand même) d'être contée.
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On comprend aussi que parfois les sinistrés des cités-baraques aient quelques mouvements d'impatience !
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Il y a toujours quelque chose à faire.
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La vie dans ces habitations provisoires n'est évidemment pas comparable à celle que l'on peut mener dans des maisons en dur. Néanmoins, à la Forêt-Noire, chacun s'est maintenant installé, du mieux possible. Mais il a fallu - combien de fois - rafistoler les planchers qui s'affaissaient, étayer les caveaux, boucher les cloisons qui "baillaient" l'hiver.
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" Il y a toujours quelque chose à faire " disait un des habitants de la Forêt-Noire, qui passe des heures de loisir à aménager la maison de bois et à rendre le séjour un peu plus confortable
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C'est dire que s'il n'y avait pas eu cet entretien constant, cette surveillance de tous les instants et s'il avait fallu attendre des autres les soins promis ... mais jamais arrivés, il y aurait longtemps que les maisons de bois de notre cité seraient en lambeaux au gré des intempéries.
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Pas de lavoir.
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Disons encore qu'il se pose à la Forêt-Noire, ainsi qu'à la cité voisine, un autre problème qui a son importance.
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Il n'y a plus de lavoir. Celui qui existait et rendait de nombreux services est inutilisable depuis l'hiver dernier. A la suite du gel, des conduites ont sauté.
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Qu'attend-t-on pour le remettre en état ?
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C'est ce que demandent les habitants, obligés de faire leur lessive chez eux, avec des moyens réduits et à l'eau courante ; ce qui suppose des frais considérables ...
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Il n'existe en effet qu'une seule borne-fontaine à l'entrée de la Cité. Elle est, chaque jour, littéralement prise d'assaut et ne peut suffire aux besoins de 130 foyers ...
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Ce bâtiment " en dur ", le seul qui existe dans la cité de la Forêt-Verte, ne sert à rien ... On l'avait destiné à des ... waters publics ... mais l'installation a été faite individuellement. C'est donc un édifice inutile. A noter que dans une cité voisine, les habitants manquent d'édicules de ce genre ... (Photo rédaction " Ouest-France "). Le début de l'article (ci-dessus) relate l'absence de W.C. privés Cité Forêt-Noire ; il fallait partager une cabine entre quatre familles (parfois plus) au point de contact des quatre parcelles de terrain !
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23 août 1950 - Ouest-France
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Saint-Lô, village de bois

Falourdel : des bungalows dominant la noire cité de Vaucelles
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La cité de Vaucelles s'étend au fond de la vallée (Photo rédaction " Ouest-France ")
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Les " Bungalows " de la cité Falourdel. (Photo rédaction " Ouest-France ").
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On pourrait dire de Falourdel : le village fleuri. Certaines demeures disparaissent, ou presque, derrière un écran de dahlias haut-perchés et beaucoup de clôtures sont maintenant devenues de véritables haies de rosiers. Des rues soigneusement tracées ... et nettes. Des arbres ombreux, de la verdure ... et encore des fleurs. Une coquetterie de bon aloi.
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Nous sommes ici dans une cité américaine, comme celle de Grimouville. Des maisons de carton-pâte. Mais tout le confort moderne. Les toits à peine penchés semblent destinés bien plutôt aux climats souriants de la Californie, qu'à notre pluvieux Cotentin.
Et à propos de ces toits : nous avons remarqué - soit dit en passant - que les tôles ondulées rouillent pour la plupart et qu'elles ne "tiendront" pas sans doute éternellement à ce régime.
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Ainsi se présentent les " bungalows ". Il y en a 76, agréablement disposés à Falourdel, là où s'étendaient naguère des prairies. Les propriétaires en ont été ... expropriés : c'était normal ; on chuchote qu'ils n'ont pas encore été dédommagés (?). Mais ceci n'est pas notre histoire.
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Au visiteur étranger, la cité se présente donc bien. Avec un sourire, épanoui comme les fleurs elles-mêmes.
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La façon de s'en servir
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Là, je me plais vraiment bien ! nous a dit très simplement un habitant de Falourdel qui occupait ses loisirs du samedi après-midi à soigner ses rosiers avec une affection non dissimulée.
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Il habite là depuis trois ans. Il ne cache pas que c'est un " chez soi " où il ne fait pas si mauvais vivre. Le soleil réside en permanence à l'intérieur, grâce à de larges baies. Trois pièces agréablement disposées ; une cuisine dotée des installations les plus pratiques (cuisinière au gaz, chauffe-eau, etc.) le tout " Made in U.S.A. " et amené en pièces détachées, comme la maison elle-même.
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Le chalet de carton-pâte ne donne pas de prime-abord une impression défavorable. A condition - elle est élémentaire - de " savoir s'en servir ", de l'entretenir convenablement et de profiter des commodités offertes.
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Nous avons voulu nous faire confirmer le fait :
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Je me suis bagarré avec certains, nous dit celui-là. Ils utilisaient la salle de bains comme cave à charbon ... c'est ce qui s'appelle, en parlant vulgairement, " gâcher la bonne marchandise " !
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Là, c'est un éternel problème qui s'apparente à celui des taudis. Donnez leur des palais, certains en feront une étable. Question d'habitat, parfois ... mais en premier lieu, question d'éducation.
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Néanmoins, il ne s'agit, en l'occurrence que d'exceptions. Et c'est fort heureux. La majeure partie des habitants de la cité sait reconnaître que, dans la distribution des constructions préfabriquées, elle ne fut point spécialement défavorisée.
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Le revêtement de ciment ne tient pas
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Sans doute ... ce ne sont que des baraques, avec tous les inconvénients du provisoire. Dureront-elles aussi longtemps que - sinon les roses - du moins ... les rosiers qui les parfument au printemps ? Jusqu'à présent, elles se sont bien comportées - mieux que beaucoup de maisons toutes de bois.
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On avait fait un revêtement extérieur : un crépi de ciment sur une surface grillagée, qui leur donnait des allures de constructions en dur. Malheureusement (humidité ? ou bien mauvaise qualité du mélange qui s'effrite au doigt comme du sable ? ou toute autre raison ?) ce revêtement se disloque partout et tombe par plaques. Le grillage est pourri par la rouille. Il n'est pas douteux qu'après l'hiver, la plupart des bungalows de Falourdel auront perdu leur manteau ... de crépi et qu'à nouveau le problème se posera d'un revêtement nouveau empêchant la pluie de causer des ravages aux cloisons de carton.
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Le premier essai fut, en tous cas, une opération pour rien.
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Un de nos interlocuteurs précisait même plus crûment : " Des millions de f... en l'air ! ". C'est la principale doléance recueillie.
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Une seconde dans un tout autre domaine :
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Certains viennent apprendre la conduite automobile, dans les rues de la cité, qui sont évidemment le terrain de jeux des enfants (il n'y en a pas d'autres). Les manoeuvres (malhabiles parfois) des apprentis chauffeurs présentent un danger réel et il y a des parents qui redoutent les accidents. C'est on ne peut plus naturel ...
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On l'appelait " la cité des gueux "
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Plus bas, presque au fond de la vallée, non loin de la Vire : Vaucelles.
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Ses habitants l'avaient eux-mêmes baptisée : " la Cité des Gueux ". C'est dire qu'elle était l'une des plus mal loties, l'une des plus inconfortables. Maintenant, on a fait mieux dans le genre " cabane à lapins " : la cité du remblai, dont nous parlerons très bientôt.
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A Vaucelles, on a procédé à certaines améliorations. Toutes les baraques - il y en a une cinquantaine environ - sont maintenant recouvertes de fibro-ciment. Les chemins sont désormais praticables (il fut un temps où ils n'étaient qu'un bourbier, lorsqu'il pleuvait ...).
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Maisons de bois " à la française " : il y a bien comme partout, les planchers qui " jouent ", des cloisons pas toujours étanches. (On a placé, comme à la Forêt Noire, du placo-plâtre à l'intérieur). Les clôtures ne sont pas bien hautes : parfois un unique fil de fer délimite la propriété de chacun.
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Et les inondations ?
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Il y a aussi l'écoulement des eaux, par période de grandes pluies. Beaucoup de baraques sont, en effet, édifiées à flanc de colline, sur des pentes douces sans doute, mais qui ne valent pas moins, les soirs de tempête, de véritables inondations, car l'eau qui dévale des hauteurs n'est pas canalisée ... Des caniveaux au bord des chemins empêcheraient pour une bonne part des accidents de cette sorte. C'est du moins, l'opinion émise par des habitants de Vaucelles. Nous la transmettons ... à qui voudra bien l'entendre.
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Les ordures sont régulièrement enlevées. Les fournisseurs ne sont pas trop loin ... Il y a des w.c. dans chaque maison ... mais on voudrait bien un lavoir, spécialement affecté aux cinquante foyers qui sont installés là. La Vire est proche. Le problème n'est pas insoluble et cette installation rendrait bien des services aux ménagères.
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La cité de Vaucelles mérite moins désormais son ancien surnom. Des améliorations ont été apportées. Il en faudrait encore c'est certain.
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Elle n'est pas avenante comme celle de Falourdel. Les peintures noires - qui n'ont pas été refaites depuis trois ans ... - ne sont guère souriantes. lors de la prochaine toilette on pourrait peut-être ajouter quelques teintes plus gaies au tableau. C'est la suggestion (toute gratuite) d'un profane ...
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Signé J.-D. B...
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26 août 1950 - Ouest-France
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Saint-Lô, village de bois

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A flanc de colline, parmi les pommiers, les cités de Saint-Georges voudraient bien : des contrevents, des peintures nouvelles, des clôtures, etc ...
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En pleine campagne : la cité St Georges. (Photo rédaction " Ouest-France ").
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Et sa soeur d'infortune : la cité Gendrin. (Photo rédaction " Ouest-France ").
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Il y a là, en tout, une cinquantaine de baraques. Certaines de 3 pièces, d'autres de 8 qui sont partagées entre deux, voire même trois foyers.
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La Cité Gendrin est la plus ancienne. On s'y installa voilà près de cinq ans, parmi les pommiers puisqu'il n'y avait là, jadis, que de vertes prairies.
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Nous avons vu le délégué, M. Benon, qui a déclaré n'avoir rien à nous dire "en raison de mes prérogatives" ... a-t-il ajouté. La discrétion est parfois une vertu.
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Mais, d'une visite rapide, parmi le village nous avons pu nous rendre compte qu'il y avait bien des doléances à recueillir et plus d'une amélioration à apporter.
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Sans doute, ainsi que partout ailleurs, on a posé - voilà peu de temps, il est vrai - du placo-plâtre à l'intérieur et posé du fibro-ciment sur les toitures. C'est un mieux ; çà n'empêche pas la pluie de traverser les cloisons, lorsque les vents sont d'Ouest. Un revêtement supplémentaire s'imposerait, ne serait-ce que justement pour les cloisons exposées à l'Ouest.
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Il y a aussi - sauf votre respect - le problème des waters. Pour la Cité Gendrin - la cité voisine à des installations individuelles - il n'existe qu'un édifice public, dont les cabines doivent être partagées entre cinq ou six foyers. La propreté y règne maintenant, mais il fut un temps où il fallait s'y rendre armé d'une pelle pour ... nettoyer préalablement ! Les installations individuelles sont prévues. On attend avec patience (c'est la qualité première de tout sinistré qui se respecte).
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Il n'y a pas de contrevents (sauf pour ceux qui en ont fait poser à leurs frais). Aussi bien, n'est-on pas chez soi, lorsque la lumière est allumée. Le froid d'autre part pénètre encore mieux l'hiver. Et puis, il n'y a guère de sécurité ... lorsqu'on s'absente. Cambrioler devient un jeu d'enfant.
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Comme partout - hélas ! - les portes ferment mal, certains perrons auraient besoin de réparations sérieuses, les planchers se " gondolent ". Dans l'une des premières maisons que nous avons visitées, l'on n'ose plus marcher dans certain coin de la salle à manger de peur de se retrouver au sous-sol.
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Il conviendrait aussi que les peintures extérieures qui n'ont jamais été refaites, le soient à brève échéance car il se pourrait fort bien que certains bois se mettent à pourrir. Et, comme les habitants de cités savent bien que la fin de leur séjour n'est pas de sitôt annoncée ! ...
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Les dangers de l'incendie
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On demande aussi - des réclamations officielles ont été faites, nous a-t-on dit - une cabine publique de téléphone. En cas d'urgence, c'est un abonné qui prête fort aimablement son numéro. Mais il peut s'absenter tout naturellement. D'autre part, l'on hésite toujours à déranger un particulier. Il semble qu'une installation publique serait indispensable. Un incendie, par exemple, est vite arrivé, ainsi qu'on l'a vu très récemment. Le délégué avait également demandé qu'un matériel de premier secours soit affecté aux cités de Saint-Georges. Sans doute, chaque baraque possède un extincteur. Ils ne marchent pas tous, et sont d'ailleurs insuffisants en cas de sinistre important. Et, dans le bois, le feu prend très vite de grosses proportions !
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Il y a un lavoir, non loin de là. Le service d'ordures est régulièrement assuré. La cité est bien éclairée, la nuit. Il faut donc distribuer quand même de bons points.
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La Cité Saint-Georges
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La Cité Saint-Georges proprement dite est surtout constituée par les baraques de huit pièces partagées entre deux familles. Les peintures sont plus fraîches, elles n'ont guère plus de deux ans d'âge. Néanmoins, il n'y a jamais eu de clôtures. Chacun a délimité, tant bien que mal, sa propriété et installé son jardin derrière des barricades de fortune. Il n'y a pas de trottoirs. Une chaussée à peine digne de ce nom.
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On a promis beaucoup de choses. Certain attend depuis de nombreux mois la réparation de sa cheminée.
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Voilà, en bref, ce que l'on dit et ce que l'on pense sur la colline de Saint-Georges de Montcoq.
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Ce n'est pas un paradis. Mais on vit quand même à peu près. L'habitude fait passer bien des choses. il y aurait quand même du travail indispensable à faire et nous formons le voeu qu'il le soit, au plus tôt, pour le plus grand bien de tous.
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10 octobre 1950 - Ouest-France
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Visite à la reine de Saint-Lô, qui, trop émue pour remercier les généreux donateurs, nous a demandé d'être son interprète ...
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Une baraque dans la Forêt Noire. (Photo rédaction " Ouest-France ").
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Huit jours ont passé. La Reine n'est plus Reine ... mais entassés sous la couronne, les cadeaux sont restés ...
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Tout comme la joie est restée au coeur de Mme Legagneur à laquelle nous avons voulu rendre visite ...
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Parmi les cadeaux à la Reine de Saint-Lô, le développement de l'article précise que le M.R.U. (ministère de la reconstruction et de l'urbanisme) a décidé de refaire en priorité les planchers de la baraque de Mme Legagneur !!!
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16 octobre 1950 - Ouest-France
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Faits locaux
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Un chien qui rapporte. - Un citoyen de la Cité " libre " de Grimouville qui laissait divaguer son chien a récolté une contravention !
Comme quoi la " liberté " ..., çà se paye.
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24 octobre 1950 - Ouest-France
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Le conseil municipal à dû étudier quatre pétitions des électeurs Saint-Lois
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De la cité de la Forêt Noire
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Nous avons l'honneur de vous signaler que les lavoirs de la Forêt Noire, mis en service dans le courant de l'année 1949, sont inutilisables depuis les gelées de l'hiver dernier.
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Bien que nous habitions la Forêt Noire, nous aimerions, comme tout le monde, porter du linge blanc ... et c'est pourquoi les ménagères se voient dans l'obligation de faire la queue à la seule et unique borne-fontaine qui se trouve dans la cité pour le lavage et le rinçage du linge !
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Le Conseil est d'accord pour demander à l'atelier municipal de faire immédiatement le nécessaire.
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27 décembre 1950 - Ouest-France
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Premiers remous dans la Cité Bellevue

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Une vue de la Cité Bellevue récemment terminée et dont le sol a été retenu pour la reconstruction de la gendarmerie. (Photo rédaction " Ouest-France ").
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Nous avons reçu - avec prière d'insérer - le double d'une lettre envoyée par les locataires des baraques de la Cité Bellevue, à M. le Sous-Préfet de Coutances, en résidence à Saint-Lô.
Nos lecteurs savent, en effet, qu'un certain nombre de baraques devront disparaître de la cour de la caserne, pour permettre la reconstruction de la caserne de gendarmerie.
La question des relogements est évidemment complexe, mais M. le Sous-Préfet, qui se penche quotidiennement sur le difficile problème du logement (il a d'ailleurs reçu la délégation des citoyens de Bellevue), a trouvé une solution en envisageant l'attribution de logements H.L.M. à un certain nombre de fonctionnaires ... pour préserver les baraques ainsi libérées et restant disponible aux économiquement faibles.
Mais il n'est pas question, pour nous, d'évoquer le problème. Si bien que nous publions, tout simplement, in extenso, la lettre dont il vient d'être question ...
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Monsieur le Sous-Préfet,
Les soussignés ont l'honneur de vous exposer :
Qu'habitant la cité de la Caserne ils sont à la veille d'être évacués de cet endroit pour permettre la reconstruction de la gendarmerie ;
Qu'ils comprennent parfaitement cette nécessité, mais qu'ils voudraient connaître :
  1. Le lieu où ils seront rétablis ;
  2. L'organisme qui leur remboursera tous les frais qu'ils ont fait dans les baraques qu'ils occupent actuellement.
Il serait en effet particulièrement injuste que non seulement ils soient troublés dans leur habitation mais encore qu'ils souffrent d'un préjudice pécunier important. Ils se trouveraient ainsi deux fois sinistrés. Une fois leur a amplement suffit.
C'est pourquoi la présente requête vous adressée, Monsieur le Sous-Préfet, en vous priant de bien vouloir nous donner les apaisements que nous nous permettons de vous demander respectueusement par la présente.
En cette attente, nous vous prions, etc ...
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