lundi 25 janvier 2010

1945

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10 janvier 1945 - La Manche Libre
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Assemblée des sinistrés
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M. Quévy, président, fait l'état des pertes morales (irréparables) et matérielles pour lesquelles le comité attend une réparation intégrale, même si elle paraît énorme : 54000 immeubles détruits dans le département de la Manche.
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Notre situation locale se présente ainsi :
1 - absence de baraquements logement,
2 - baraquements commerciaux livrés, non réglementaires d'après la loi d'octobre 1942,
3 - les commerçants demandent que les places des Alluvions, de l'Hôpital, quai à Tangue, place de la Gare soient nivelés au plus tôt pour y constituer la cité commerciale groupant les commerçants de la rue Torteron et des Alluvions,
4 - que sur les terrains où l'on veut faire rebâtir le futur Saint-Lô, on fasse des logements définitifs et que le délai de deux ans après les hostilités pour entamer la reconstruction de la ville soit diminué.

17 février 1945 - Ouest-France

Cités provisoires
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La ville de Saint-Lô prévoit la construction prochaine de cités provisoires. Cette perspective est fort réjouissante, et nous ne saurions passer sous silence une amélioration qui doit permettre aux nombreux commerçants restés extra-muros de revenir dans leur ville d'autant plus aimée qu'elle a été éprouvée.
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Quatre cités sont dès à présent prévues :
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- La première sera, si vous le voulez-bien, celle de la place du Champ de Mars. Elle est loin d'être la plus importante, mais elle est incontestablement la plus centrale, en même temps que la plus commerciale.
Composée d'une vingtaine de baraques, en principe de 23 m. sur 6, elle couvrira environ 3.200 m² de terrain et les baraques seront construites dans la partie Est du Champ de Mars, c'est-à-dire contre l'ancien haras, avec probablement deux rangées latérales. Le centre et le bas de la place seront réservés pour les marchés, les foires et fêtes.
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- Poursuivons le tour de la ville ; en arrivant à la " Bascule ", nous verrons cet immense herbage baptisé du même nom, dans lequel, il fut un temps, la ville avait pensé construire le Stade Municipal.
A l'emplacement du Tilleul sera une petite place centrale, autour de laquelle rayonneront des groupes de baraques, dont la plus grande partie est réservée à l'habitat. Notons, en effet, 1.000 m² de surface commerciale (petits commerces de quartier : coiffeurs, épiceries), et 6.800 m² de baraquements d'habitation.
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Enfin nous arrivons dans le quartier de Bellevue.
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- Derrière le Café Lebas, et de l'autre côté du chemin de Grimouville, 4.300 m² de ces terres sur lesquelles on avait envisagé la construction de la caserne des gardes mobiles, seront utilisés aux mêmes fins dans la proportion de 560 m² de surface commerciale, et 3.760 m² réservés à l'habitation.
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- Plus loin, route de Tessy, dans cette pièce triangulaire située contre la maison David, où sont actuellement les jardins ouvriers, 2.200 m² de baraques uniquement réservées à l'habitation seront élevées.
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Voici donc le programme des travaux qui vont permettre la création des premières cités provisoires. D'autres suivront, lorsque l'état des remblais le permettra, sur la place des Alluvions et le quai de St-Lô.
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Avant toute autre chose, attendons l'arrivée de tuyaux ou de matériaux nécessaires pour l'installation des canalisations d'eau, des fosses d'aisance ainsi que des égouts. Ces travaux sommaires sont indispensables et doivent indiscutablement être réalisés de pair avec la construction de 40.000 m² de baraques dans lesquelles 3.000 personnes doivent trouver asile.
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N'est-il pas nécessaire également de penser à la construction, sur une surface à peu près équivalente, de baraquements destinés aux ouvriers de la reconstruction et à leurs familles ? Si nous voulons des hommes pour rebâtir, il faut au moins des baraques pour les loger.

20 mai 1945 - La Manche Libre

Réunion du Comité de Défense des Sinistrés de Saint-Lô.
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" Nous demandons la réparation intégrale de nos ruines ".
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Sur le plan local, le comité demande que des baraques de 3 pièces soient construites sous les arbres du Champ de Mars afin de permettre le retour des sinistrés qui veulent rentrer à Saint-Lô, la préparation immédiate des terrains et l'adduction d'eau aux emplacements prévus pour les baraques, et la publication du plan d'urbanisme.

30 mai 1945 - Ouest-France

Conseil municipal

Village de baraques - M. Henry souhaite le nivellement de la place des Alluvions, de l'emplacement de l'hôpital et de la cour de la gare afin de permettre l'édification immédiate d'un village de baraques.
Le maire répond qu'il ne sera pas possible d'envisager ces constructions avant d'avoir réalisé le niveau prévu par l'architecte urbaniste.

27 juin 1945 - Ouest-France

Commission des baraques

... la commission, à la demande de son président, adopte à l'unanimité, les décisions suivantes :

Occupation de domaine public et privé communal - Considérant, qu'elle est seule responsable de l'aménagement des centres de constructions provisoires, la Commission estime que toute question relative à l'implantation des baraques sur le domaine public et privé communal doit être soumise à son examen.
La commission statuera sur présentation d'un plan d'ensemble et détaillé du projet.
Ces règles sont applicables à l'implantation d'édifices propriété des particuliers.
La Commission décide qu'un emplacement susceptible de recevoir plusieurs constructions ne pourra être occupé en totalité par des baraques, propriété des particuliers. Une fraction de cet emplacement devra être réservée pour l'implantation de baraquements fournis par le service de la Reconstruction.

Occupation de terrain appartenant à des particuliers - Il est rappelé que toute construction, même provisoire, est soumise à l'avis préalable de l'architecte-urbaniste.

Occupation des locaux - Les bénéficiaires ou attributaires ne pourront permuter sans accord de la Commission.
Les projets de transformation ou d'aménagement des locaux actuels devront être soumis à l'avis de la Commission et ne pourront être exécutés qu'après autorisation écrite du président.
La défense contre l'incendie fera l'objet d'un rapport et sera soumis aux techniciens.
Le lotissement du Champ de Mars va être nettoyé par les soins de l'atelier municipal.
M. le président de la Commission ou l'un des membres recevront le public chaque samedi, à la mairie, de 14 h. 30 à 16 h.

19 juillet 1945 - Ouest-France

Il y a un an, c'était la libération ...

Le 19 juillet 1944 au matin, la Radio de Londres annonçait : " Les troupes Américaines ont pénétré dans Saint-Lô, et débarrassé la ville du dernier Allemand ... ".
Un an après, les Allemands sont de nouveau à Saint-Lô, mais cette fois, munis d'une pelle et d'une pioche. Ils chargent dans des voitures et wagonnets les pierres et les cendres de la Cité Préfectorale, devenue en une nuit ... la Capitale des Ruines.

20 juillet 1945 - Ouest-France

Conseil municipal

Commission des baraques - La Commission, composée de trois membres du Comité des Sinistrés, trois membres de l'Association des Commerçants et trois membres du Conseil Municipal, mise en présence d'un fait accompli quant à l'édification des villages de baraques, a du cependant procéder à leur attribution.
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Pour tenter de mener à bien cette question délicate - explique M. Gablin -, un service administratif procède à la Mairie, à la réception des demandes d'emplacements qu'il classe par lotissement sollicité du Champ de Mars, route de Tessy, route de Bayeux et éventuellement place des Alluvions.
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La Commission, après avoir établi la liste des priorités (veuves de guerre, prisonniers rapatriés, familles nombreuses, etc ...) s'attache à attribuer un emplacement proche autant que possible de l'ancien domicile du demandeur, et accorde une surface de plancher variable, suivant la nature du commerce exercé.
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La question du lotissement de la Place du Champ de Mars va être liquidée ; celle du lotissement de Tessy est en cours. Une baraque à usage du culte protestant sera montée sur la place des Palliers.
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A la suite d'une intervention de M. Bellamy, M. Gablin fait savoir que le nivellement des terrains réservés à la construction des villages de baraques n'est pas actuellement à envisager, eu égard aux ordres donnés par les Services de la Reconstruction.

4 août 1945 - Ouest-France

Pillage

M. Adrien Hardy, négociant en gros, au château de Grimouville, avait autorisé certaines personnes à prendre de la mercerie dans un local où il l'avait déposée lors de l'exode. Il constata par la suite, la disparition de plusieurs objets, notamment de la vaisselle.
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Sur déposition d'un témoin du vol, une perquisition chez les époux H. à Baudre, permit de retrouver plusieurs pièces de vaisselle disparue. M. H., qui détenait au surplus du matériel de guerre et qui outragea les gendarmes, a fait l'objet de trois procès-verbaux.
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Le château de Grimouville, côté rue de Grimouville, a été construit vers 1860 (Collection Denis Lethimonnier). Identification confirmée par Jean-Pierre Doineil et Jacques Alamargot ("mômes de Grimouville").
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Le château côté Parc. Il avait son accès par la rue de l'Exode en passant au sud de la ferme de Grimouville (Jacques Alamargot). Le 6 juin 1953, Ouest-France annonçait le programme de la fête de Grimouville avec une démonstration du Club du Chien de Défense dans le parc du château. En 1961, une famille Pommier vivait dans le château (voir Ouest-France du 13 novembre 1961). En 1962, la ville de Saint-Lô achetait cette " maison bourgeoise ", la ferme et ses terrains pour la réalisation du Lycée Technique (voir Ouest-France du 25 juillet 1962).

En agrandissant cette vue, on aperçoit sur la gauche, les constructions basses de la cité provisoire de Grimouville.




Localisation de la ferme de Grimouville (en vert) et du château de Grimouville (en rouge). La rue de la Gambe de Loup ne rejoignait pas la rue de la Ferronnière sur ce plan de 1960 (montage Denis Lethimonnier). On situe la Cité provisoire de Grimouville avec au nord, la rue Michel Brodon, au sud, la rue de Grimouville, à l'est, la rue Fontaine Venise et à l'ouest, la rue des 80è et 136è territorial. L'emprise de l'ancienne Cité Grimouville correspond à l'espace occupé en 2010 par le foyer des jeunes travailleurs, la C.A.F., le centre social "Henri Bourdier" et la cuisine centrale.
29 septembre 1945 - Ouest-France

La vie dans les ruines

On ne saurait, pour évoquer l'état de démolition de la ville de Saint-Lô, trouver de phrase plus objective que celle employée par M. Dautry (ministre de la Reconstruction) au lendemain de la libération : " Qu'on me mette des barbelés autour de cette ville là et que ses habitants aillent pendant 15 ans sur la côte d'azur ".
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Personne n'a placé de barbelés autour de la ville, et cinq mille hommes, femmes et enfants y vivent maintenant chaque jour.
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Cinq mille personnes ! Mais rien qu'en annonçant ce chiffre un profane vous dira : " Il faut tout de même des maisons pour loger 5.000 personnes ; que Saint-Lô soit bombardé, soit, mais rasé, non ! "
C'est pourtant ainsi, car, en admettant que quelques centaines de personnes aient pu parvenir à se tasser dans les rares maisons épargnées des quartiers périphériques, dans les garages, et les plus modestes hangars, les autres ont dû se contenter de réduits lamentables et inconfortables. D'autres encore obtiennent un confort relatif dans les baraques. Enfin la campagne offre aux derniers un accueil qui s'était généreusement offert au lendemain des bombardements, qui se manifeste encore aujourd'hui, et devra vraisemblablement se poursuivre pendant des années.
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Parlons des administrations :
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La Préfecture est repliée à Coutances ainsi que toutes les administrations qui ont dû la suivre dans cet exil. Il n'en reste pas moins vrai que la vie administrative a repris et que chaque journée qui passe apporte à la Municipalité de nouvelles satisfactions.
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Pourtant, quelle vie que celle des fonctionnaires résidant à Saint-Lô, c'est une bien pénible situation à laquelle il faut assimiler celle des prêtres et des docteurs !
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Voyez d'ailleurs la Mairie installée dans un embryon de maison épargné par la tourmente : une partie des carreaux a pu être remplacée, et le carton bitumé a, comme partout ailleurs, tenter de donner le couvert.
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Que pensez-vous de la chapelle qui a pris le nom de la cathédrale effondrée : Notre-Dame ! Avec sa petite croix de bois, ses portes et ses fenêtres étriquées, derrière les barbelés de l'ancien camp, ne semble-t-elle pas une cabane prise dans un quelconque stalag ou oflag de l'Allemagne nazie ? Lorsqu'on aborde la baraque tout paraît cependant coquet, et c'est ce que semblent vouloir dire, sous les arbres de la place Sainte-Croix, le Tribunal civil et le centre d'accueil des prisonniers libérés. 
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Ce ne sont certainement pas les postiers qui nous contrediront, eux dont les bureaux sont installés dans l'ancien Hôtel des P.T.T. au ciment armé tordu par la pluie de bombes.
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Demain, de nouvelles administrations viendront se réinstaller à Saint-Lô. Où et comment, nous ne le savons pas ; mais envers et contre tout, elles veulent revenir et, dans les ruines elles aussi, reviendront !
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Signé V. Normant.

1er octobre 1945 - Ouest-France

La vie dans les ruines. Les commerçants de Saint-Lô

Toutes proportions gardées, la vie des fonctionnaires semble enviable lorsqu'on évoque la vie des commerçants et des habitants de Saint-Lô. Le texte est secondaire, et c'est l'image que nous avons voulu faire parler aujourd'hui (la qualité des images, sur microfilms, est trop mauvaise pour les reproduire ici).
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Voyez ce four dégagé des ruines de la rue Béchevel, c'est celui du boulanger Laignel qui, avec ses mitrons, escalada les trous de bombes durant des jours, des mois, d'abord avec les seaux d'eau, plus tard avec les fournées ; tout celà pour donner aux Saint-Lois leur pain quotidien.
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Rue du Neufbourg, il a suffit à M. Servot d'un simple appartement, une ancienne salle à manger (!) pour établir une boucherie à la porte de laquelle vous voyez qu'il n'y a pas queue.
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Quant à cet immeuble vétuste aux formes hétéroclites, c'est, et seule la pancarte est susceptible de le faire connaître, le café Théot.
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Ces commerçants là (non seulement les trois que nous venons de nommer, mais tous leurs confrères qui vivent dans des conditions similaires) ont acquis la profonde gratitude de ceux qui étaient rentrés dès les premiers jours d'août, vivre dans la ville sinistrée. Ils ont évité à la population revenue malgré toutes les interdictions du monde (risques épidémiologiques, sécurité, pillages ...), les voyages déprimants, à des kilomètres de distance rien que pour se procurer un tant soit peu de viande et de pain ; ils ont permis l'arrivée d'ouvriers, quelques-uns d'abord, des centaines ensuite, qui, en déblayant et en reconstruisant, ont donné le formidable démarrage que nous savons ; ils ont, croyez-le, largement participé au renouveau de cette cité qu'on croyait morte à tout jamais.
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De fil en aiguille, d'autres commerçants arrivent. Ils quittent les villas qu'ils occupaient sur la côte, les maisons auxquelles ils s'étaient habitués après l'exode ; ils viennent et s'installent dans les baraques de jour en jour plus nombreuses.
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Qu'importe la vision des tas de cailloux ; dans les plus modestes chambres, les baraques, au sein même des démolitions, ils sont revenus " chez eux ".
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Dans le même ordre d'idées, ne pensez-vous pas qu'ils ont du mérite, ces habitants qui vivent dans des conditions similaires ? Voyez M. et Mme Desnots et le petit Guy Boisbunon, âgé de trois ans. Parmi les ruines, ils vont passer l'hiver seuls au milieu de la rue du Neufbourg, dans cette maison (car on appelle çà une maison ! ) sans confort, sans clôtures, où les carreaux n'existent pas, remplacés qu'ils sont par de vulgaires planches de bois ...
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Pensez à l'hiver. Les conditions de travail et de vie n'auront pas changé. Elles seront peut-être plus mauvaises que celles de l'an passé. Qu'importe ! Tous sont décidés à tenter ce qui semblerait impossible pour tenir ; car ils veulent tenir !
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Signé V. Normant.

11 octobre 1945 - Ouest-France

La délégation Ecossaise a visité les ruines de Saint-Lô

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A l'hôpital Irlandais
... les Ecossais sont allés rendre visite à leurs amis Irlandais dans l'hôpital dont la construction est actuellement commencée.
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13 octobre 1945 - Ouest-France

La rentrée des classes

La rentrée des classes des écoles publiques est fixée au lundi 15 octobre à 8 h. 30.
La Directrice de l'école maternelle de la rue Jean-Dubois fait savoir que les classes fonctionneront à la Remonte, à la Caserne et à l'Ecole Normale.

18 octobre 1945 - Ouest-France

Conseil municipal

Commerçants de la place du Champ-de-Mars.
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Le maire donne connaissance d'une pétition émanant des commerçants de la place du Champ-de-Mars qui réclament notamment : un gardiennage de nuit pour éviter les vols ; une protection contre l'incendie ; des W.C. à leur usage exclusif ; l'amélioration des voies d'accès aux baraques ; la création d'un dépôt d'ordures et son enlèvement régulier ; l'éclairage extérieur ; l'établissement de caves.
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Les commerçants de la place du Champ-de-Mars font en outre savoir qu'ils constitué un Comité de défense.
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La pétition sera étudiée au Conseil.
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31 octobre 1945- Ouest-France
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M. le Préfet préside l'inauguration de la Cité Avoine

Un tour de force absolument extraordinaire a été réalisé par les Cheminots : construire une cité, et ainsi loger son personnel.
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Nous avons eu le plaisir d'assister à l'inauguration de la Cité des Cheminots, à peine terminée, et de suivre dans leur visite les quelques dizaines de personnalités qui relevaient par leur présence, l'éclat de cette petite cérémonie, charmante parce que simple et discrète.
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Nous avons parcouru ... les 5 baraquements dans lesquels 27 ménages vont se trouver logés à raison de 3, 5 ou 7 pièces par ménage, selon l'importance de la famille.
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Nous avons admiré le sens pratique qui a présidé à leur conception. .
Un ménage dispose de trois pièces mais il possède une petite salle, deux chambres, une petite cuisine avec évier, cave, W.C. ; le tout pourvu de l'électricité. Il dispose d'un lavoir, d'un séchoir, et peut puiser l'eau à la borne-fontaine installée au milieu des jardins coquets qui donnent au village fraîchement peints, une note plus gaie, plus intime.
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... MM. ... prendront tour à tour la parole ... pour évoquer le courage qu'il fallut aux rescapés, désireux de revenir envers et contre tout dans leur cité : la Capitale des ruines, y vivre un épouvantable hiver, mais donne les premiers espoirs que la ville, un jour, pourrait renaître ... pour évoquer les trains, les premiers trains venus nous apporter les matériaux, les baraques ...
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6 novembre 1945 - Ouest-France

La renaissance de notre cité ; la seconde pierre de la reconstruction de Saint-Lô est posée

Hier lundi, dans le Champ de Grimouville, qui borde la route de Baudre (devenue rue de l'Exode), a été posée la seconde pierre de la reconstruction de notre ville. Le geste symbolique a été accompli en collaboration par MM. ...
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Huit maisons terminées le 1er janvier.
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Les personnalités on ensuite passé devant les fondations du premier groupe de 8 maisons qui, si l'on en croit le directeur de l'entreprise, seront terminées pour le 1er janvier 1946, c'est-à-dire dans deux mois à peine. Sur ces huit maisons, deux d'entre elles ne comprendront qu'un rez-de-chaussée et les autres, construites avec un étage, abriteront 16 familles et seront le prélude de la construction, route de Baudre, d'un village qui ne comprendra pas moins de 14 maisons modernes avec tout-à-l'égout, W. C., cours, jardins, etc ...
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57 ouvriers travaillent d'arrache-pied et leur approvisionnement est réalisé par le 4è R.A. Maine et leurs trois camions. Un nombre beaucoup plus grand de camions pourrait être mis à la disposition des entreprises, mais la pénurie d'essence se fait sentir terriblement surtout quand on veut bien considérer qu'il faut faire 50 kilomètres pour ramener 2 mètres cubes de sable, c'est-à-dire 3 tonnes, de Littry. 700 mètres cubes de pierre, 700 mètres cubes de sable seront nécessaires, sans compter le gravillon, mais on espère que les services responsables viendront en aide aux entreprises saint-loises et leur permettront de mener à bien la tâche de reconstruction qu'elles ont entreprises.
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A quand la troisième ?
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Le colonel Hoyne a posé la première pierre route de Saint-Jean-des-Baisants ; M. le Sous-Préfet, notre maire et les représentants de la reconstruction viennent de poser la seconde. Bientôt, sans doute, nous verrons poser la troisième, celle de nos administrations qui, petit à petit, regagneront la ville martyre à laquelle elle redonneront sa vie d'antan à la grande satisfaction générale.

9 novembre 1945 - Ouest-France

La Mairie fait savoir

Aux sinistrés
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Les sinistrés de St-Lô ayant habité l'ilot limité par les rues Général Dagobert (au Nord), Octave-Feuillet (à l'Ouest), Jean-Dubois (au Sud) et Leverrier (à l'Est) sont informés que les travaux de déblaiement commenceront aux environs du 15 novembre. Les sinistrés peuvent assister aux travaux et récupérer les objets mobiliers leur appartenant.
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Constructions provisoires
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Avis important - Il est rappelé que, par un arrêté en date du 3 mars 1945, le ministère de la Reconstruction a décidé que toute construction, même d'abri provisoire, ne peut être effectuée sans autorisation du service de la Reconstruction. Ces demandes d'autorisation de construire ou d'importer des baraques doivent être adressées à M. le Maire de St-Lô qui les acheminera vers les services compétents.

7 décembre 1945 - Ouest-France

Avant le printemps ... quatre "Cités champignon" vont surgir du sol de notre ville

Le Conseil Municipal de Saint-Lô vient de se réunir extraordinairement sous la présidence de M. Lavalley, maire. MM. Hilt, architecte urbaniste, et Perrin, ingénieur d'arrondissement, chef du Service de la Reconstruction, assistaient à la séance.
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Comme on le sait, cette réunion était motivée par l'imminence de l'établissement d'ilots de maisons provisoires.
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Le maire met d'abord le Conseil au courant de la correspondance échangée avec M. Dautry, ministre de la Reconstruction, au sujet des baraques, puis il aborde la question des maisons provisoires américaines, dont un lot important est attendu. Il passe aussitôt après la parole à M. Perrin, l'ingénieur d'arrondissement.
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Construction " éclair " en trois mois
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M. Perrin fait alors savoir que des baraques seraient déjà arrivées à Cherbourg. Vu l'urgence, une décision doit être prise.
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Le plan des travaux envisagés prévoit l'utilisation de 500 ouvriers pour un montage rapide qui doit pouvoir être réalisé à la cadence moyenne d'une maison par jour, ce qui revient à dire que le montage de la totalité des maisons provisoires serait terminé en trois mois.
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La description de ces maisons est succinctement faite : il s'agit de " homes " modernes et très confortables, de 7 m. 34 au carré, agrémentés d'une véranda de 4 mètres sur 1 mètre. Ils comprennent quatre pièces : salle à manger, cuisine, deux chambres, salle de bains, avec tout le confort : eau, gaz et électricité.
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Il est donc nécessaire, pour exécuter un travail intelligent tout en tenant compte du plan d'urbanisme, de retenir des terrains situés à proximité des conduites et des canalisations.
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Quatre villages
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Quatre emplacements semblent favorables à de telles constructions, et susceptibles d'être immédiatement retenus :
  • Route de Tessy (derrière les casernes), un premier lot de 20 maisons environ sera monté.
  • Le terrain de Grimouville, avec ses deux hectares et demi, situés de part et d'autre du futur boulevard extérieur qui, prolongeant la rue Bellevue, atteindra la route de Torigni, semble de son côté propice à l'installation de 70 maisons.
  • Un troisième lotissement, de 80 maisons, sera érigé dans les trois hectares de terrain, situés entre la venelle aux Loups et la rue Falourdel, d'un côté et le sentier qui relie le Bon-Sauveur au chemin du Vieux-Candol, de l'autre.
  • Enfin, à l'intérieur de l'angle nord, formé par les routes de Torigni et de la Marne, 20 maisons prendront place. Le solde sera installé en ville, selon les nécessités du moment.
L'aménagement en voirie va être entrepris dès maintenant, même avant l'arrivée des premières baraques. Le montage, les branchements des canalisations d'eau et de gaz seront menés de pair avec le montage, lequel s'effectuera sur plate-forme (une tonne de ciment sera ainsi nécessaire par maison).
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Le déchargement des wagons, le transport, et la mise en place posent autant de problèmes délicats qui semblent finalement devoir être solutionnés au mieux de l'intérêt général.

27 décembre 1945 - Ouest-France

Au conseil municipal

Aménagement des cités champignon
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Le maire donne lecture d'une lettre de réclamations émanant de M. Outrequin, qui s'élève contre les procédés de réquisitions ou expropriations dont il est l'objet sur sa ferme de Grimouville. Il demande que des terrains correspondant en superficie et en situation soient mis, dans un proche avenir, à sa disposition. Le conseil prend note de cette demande.
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